Poufsouffle (0/1)

NORBERT RATHBONE ϟ EX PETIT-AMI C'était juste avant l'examen de fin d'année et les élèves de Poufsouffle s'étaient tous mis d'accord pour préparer une petite fête afin de décompresser avant l'arrivée de cette semaine infernale comme ils aimaient tous la nommer ─ ce soir là c'était la fiesta. Sukie était assise un peu déprimée dans l'escalier du sous-sol et c'est là que Norbert l'avait interpellée. Il l'appelait toujours « la naine » ou « trognon ». En tout cas, elle était triste, il l'avait enlacée, c'était allé plus loin ─ un baiser. Sukie l'avait toujours remarqué ce Norbert : dès la première année quand ce gamin à la tignasse impossible avait posé ses fesses à la table des blaireaux juste à côté d'elle. Sukie était impressionnée, les yeux bien ronds, incapable de quitter du regard ce mec qui parlait fort et qui ne semblait pas connaître le mot « gêne ». Alors elle l'avait regardé de loin, presque ravie quand il daignait lui adresser la parole, même s'il n'arrivait pas à se souvenir de son prénom. Il avait fallu quatre ans pour que, sur cet escalier, quelque chose les unisse l'espace d'une soirée, et qu'il finisse par s'adresser à elle en tant que « Sue ». Mais juste une fois ─ juste une fois il l'avait nommée Sue, même si par commodité il avait ensuite enregistré ce prénom dans un coin de sa cervelle molle, histoire de pouvoir l'apostropher autrement que comme « sa femelle ». Sukie et Norbert ça a duré environ sept mois : de la fin de la quatrième jusqu'à janvier de la cinquième. Ils étaient ensemble, mais Norbert et elle n'avaient pas grand chose en commun, si ce n'est cette habitude qu'avait Norbert de la tripoter dès qu'il la croisait, toujours de sorte à montrer qu'il avait une petite-amie, comme si c'était un genre de trophée. Sue s'y accomodait ─ elle l'aimait, même s'il était stupide, égoïste et tapageur. Elle l'aimait même lorsqu'au début de la cinquième année elle a cru le remarquer en train d'en embrasser une autre. Elle l'aimait même quand elle entendait les potes de Norbert évoquer toute sorte de conquêtes avec un peu trop d'aisance. Elle l'aimait jusqu'à cette soirée dansante ─ celle qui avait été organisée pour Noël et où elle avait retrouvé Norbert en train de passer à l'acte avec une camarade de classe dans les toilettes des filles. Le coeur en miettes, démolie, elle avait toléré tant de choses pour lui, pour le peu de considération et d'attention qu'il était prêt à lui donner, mais voilà que c'était insuffisant. Norbert avait fini par la remarquer, elle l'avait giflé, il s'était contenté de rire et l'avait traité de lourde avant de lui déclarer que « de toute façon, c'était fini entre-eux ». Sue a énormément pleuré : du soir au matin et personne ne pouvait lui parler, enroulée sous ses draps, loupant même les cours de la matinée. L'après-midi elle l'avait passé à rédiger toute sorte de textes dans son journal intime. Le reste de sa cinquième année elle le passa à gérer le courrier du coeur de Poudlard et à ressentir tant de rancune envers l'amour. Chaque fois qu'elle croise Norbert dans un corridor alors elle est partagée entre la peine et la colère. Elle serre alors ses petits poings et déverse son fiel dans ses nombreux carnets. Elle est redevenue une naine, un trognon, et rien d'autre que le souvenir d'une histoire désintéressée.